On oppose souvent deux périodes : le moment où l’on ne « sait pas lire » et le moment où l’on « sait lire du texte ». Comme si cet avant-après empêchait tout va-et-vient.Lorsque l’on est accaparé par cet apprentissage, les bandes dessinées sans texte offrent le plaisir de la lecture d’images en guise de parenthèse.Elles sont aussi un souffle pour tous ceux et celles qui ont des difficultés pour déchiffrer le texte, tout en leur proposant des récits de grande envergure.Ces albums sont très impliquants pour la lectrice et le lecteur, qui se retrouvent observateurs actifs, décrypteurs d’images, leur cerveau joue à percer la construction du récit. Car, même si les images peuvent parfois porter plusieurs sens, elles n’ont pas n’importe quels sens, il y a toujours une ligne narrative suivie par l’auteur ou l’autrice.
On peut se passer de mots pour faire passer du sens ! Dans une narration sans texte, l’action, le mouvement des personnages, leurs intentions doivent être parfaitement maîtrisés : comme on ne peut s'aider du texte, l’image doit être claire, fluide, il n’y a pas de subterfuge. La bande dessinée sans texte permet à l’auteur ou l’autrice d’explorer les chemins du 9e art en revenant à la source de l’émotion même.
Une seule histoire donc, mais plusieurs interprétations ! Avec la bande dessinée muette, on crée sa propre bande-son ; sans mots pour figer une interprétation, l’esprit est libre de s’arrêter, de contempler. On entre en résonnance directe avec le héros ou l’héroïne, on suit son cheminement. On se laisse emporter dans cette narration par l’image qui laisse une grande part à la sensibilité du lecteur et de la lectrice, fait surgir sa part d’imagination.
Toutes ces facettes font des bandes dessinées sans texte de formidables livres à partager. On peut les lire ensemble, dans un bienveillant silence ou bien en échangeant ses impressions. On peut les transmettre à un proche, comme on donnerait une tranche d’émotion.